Questionnaire
Le trouble dépressif persistant (TDP) étant une maladie peu connue et pouvant souvent passer sous le radar, nous vous proposons ce court questionnaire permettant d’identifier certains signes avant-coureurs de la présence du TDP chez un individu.
Il est à noter que cette autoévaluation n’est pas exhaustive, et ne peut se substituer à un diagnostic effectué par un professionnel de la santé.
Cependant, si vous obtenez plus de deux (2) réponses positives à ce questionnaire (aux questions 3 à 6), nous vous invitons à consulter un spécialiste de la santé afin qu’il puisse vous éclairer sur votre état réel de santé et établir un diagnostic, le cas échéant.
QUESTION 1
À quel sexe vous identifiez-vous?
- Féminin
- Masculin
- Autre
QUESTION 2
Dans quelle tranche d’âge vous situez-vous?
- 18 à 24 ans
- 25 à 34 ans
- 35 à 44 ans
- 45 à 64 ans
- 65 ans et plus
QUESTION 3
Affirmeriez-vous être d’humeur dépressive ou maussade durant la majeure partie de la journée, et ce, de façon récurrente depuis au moins deux ans?
- Oui
- Non
QUESTION 4
D’ordinaire, avez-vous tendance à adopter une image négative de vous-même?
- Oui
- Non
QUESTION 5
Avez-vous tendance à être découragé en imaginant votre avenir et les événements futurs ou encore lorsque vous devez trouver une solution à un problème immédiat?
- Oui
- Non
QUESTION 6
Êtes-vous atteints par 2 (ou plus) des symptômes suivants : perte de l’appétit ou hyperphagie, insomnie ou hypersomnie, baisse de l’énergie ou fatigue, faible estime de soi, difficultés de concentration ou difficulté à prendre des décisions, sentiment de désespoir?
- Oui
- Non
Témoignages
La campagne de sensibilisation au trouble dépressif persistant (TDP) vise notamment à faire connaître le TDP auprès du plus grand nombre afin d’aider les personnes atteintes et leur entourage à reconnaître ce trouble peu connu pouvant souvent passer sous le radar.
Voici quelques témoignages de gens touchés par ce trouble, qui peuvent aider à reconnaître le TDP et à mieux comprendre ses répercussions.
Ces témoignages permettent également de sensibiliser la population aux effets néfastes que peut entraîner cette maladie sur les gens atteints ainsi que sur leurs proches.
« Vivre en tant qu’enfant et adolescente avec un père atteint du trouble dépressif persistant n’a pas toujours été facile. Le plus dur pour moi a été le fait que j’avais beaucoup de difficulté à le saisir et comprendre ses émotions. Parfois il était heureux et souriant et quelques heures plus tard d’une humeur exécrable. C’était difficile car j’avais peur de mal agir et qu’il devienne par la suite de mauvaise humeur car un simple petit événement pouvait le faire changer du tout au tout.
Il travaillait beaucoup et il semblait souvent fatigué et dépassé. La plupart du temps, il paraissait fort et toujours en contrôle. D’ailleurs, il aimait bien gérer tous les événements de la vie ; cela le rassurait sûrement et je le comprends aujourd’hui.
J’aurais voulu qu’il soit toujours de bonne humeur, cette humeur que j’adorais. C’était comme si un énorme nuage gris planait au-dessus de sa tête, un nuage prêt à exploser à tout moment. Ce nuage qui faisait en sorte que je ne le reconnaissais plus. Autant j’adorais passer du temps avec lui, autant j’étais anxieuse à l’idée que son caractère change à tout moment. J’aurais tant souhaité qu’il ait un diagnostic plus tôt ! À la suite de celui-ci, quel soulagement ce fut pour moi de comprendre la raison qui le rendait ainsi.
Maintenant que son humeur est contrôlée et stable, je vois enfin le père heureux que j’aurais voulue qu’il soit. Je vois le soleil au-dessus de sa tête, soleil qui a remplacé le terrible nuage gris. Une chose est sûre et dont je ne douterai jamais, c’est que mon père m’a aimé au plus fort de lui. Il m’a élevée et éduquée de la meilleure façon qui soit, en prenant compte qu’il avait cette maladie invisible. Je suis si fière de lui, du chemin qu’il a parcouru aujourd’hui et de la façon dont il tourne ce passé en gestes concrets et positifs. Il n’est jamais trop tard pour quoi que ce soit dans la vie et il en est la preuve ! »
– FANNY
« Le trouble dépressif persistant, mon tdp !
J’ai toujours su que j’étais différente. Depuis que je suis toute jeune, je ressens cette tristesse, ces nuages qui ne se dissipent jamais vraiment. Du plus loin que je me souvienne, mes parents et mes amis ont toujours pensé que cette attitude changeante et renfermée ainsi que cette mélancolie faisaient partie de moi, que j’étais simplement comme ça. Jamais d’empathie, de compréhension ou d’intérêt à l’égard de ce que je pouvais ressentir, puisque ce n’était considéré que comme un manque d’attention.
Pourtant, l’année dernière, on m’a diagnostiqué un trouble dépressif persistant, aussi connu sous le nom de dysthymie. Pour la première fois, on pouvait mettre des mots sur ce que je ressentais. Je n’étais plus la fille qui tente d’attirer l’attention. On pouvait davantage me comprendre, mais encore là… On comprenait surtout que je n’allais pas bien.
Après les nombreuses crises d’angoisse, les périodes de tristesse et de manque d’énergie, la dépression et même une tentative de suicide, ça a été pour moi un grand soulagement de pouvoir identifier, comprendre mieux ce que j’avais, ce qui m’arrivait.
Si je vais mieux? La vie étant ce qu’elle est et moi étant ce que je suis, le trouble se retrouve souvent sur ma route, mais les impacts sont moindres. Je sais que je ne serai jamais comme les autres. Je suis unique et ce dont je souffre est aussi unique et mal connu.
Si vous souffrez vous aussi de quelque chose qui ne peut être nommé. Si votre mal-être tombe entre deux chaises et que vous avez vous-même de la difficulté à comprendre ce qui vous arrive et ce que vous ressentez, il se peut que vous soyez comme moi.
Cependant, il existe des solutions.
Pour ma part, j’ai demandé de l’aide, j’ai consulté, j’ai suivi des ateliers. Cela m’a beaucoup aidée, notamment à m’accepter et à comprendre mon trouble. Ça ne changera pas tout, mais ce sera moins difficile à gérer et surtout, vous vous sentirez moins seul(e), et moi aussi. »
– PASCALE LEBEL
« Bonjour,
Je m’appelle Julie et je vis avec ce trouble depuis si longtemps que je croyais être juste mélancolique. Comment se fait-il que la joie puisse avoir l’air si facile pour les autres et que dans mon cas je ne puisse pas l’atteindre? C’était ma grande question, vivre le moment présent en ressentant que je n’ai pas droit à ce bonheur. Se sentir seule même lorsque des gens sont présents dans la pièce. Le goût de mourir alors que l’on a mari et enfants. Ressentir que je ne vaux rien. Suis-je une extra-terrestre? Suis-je normale ?
J’ai réussi à voir un médecin un jour, car j’étais sur une liste d’attente. C’est à ce moment que j’ai aperçu un peu de lumière au bout du tunnel. Je ne suis pas folle, j’ai un trouble dépressif persistant! J’ai pu en parler avec mon conjoint, car j’avais la preuve que je n’allais pas bien. Il a enfin compris mon état et j’ai obtenu son support à ce moment-là ainsi que sa compréhension malgré le fait que ce ne soit pas toujours facile pour lui. La médication est maintenant prise à tous les jours. Jusqu’à quand? Je ne sais pas. Cependant, j’ai enfin retrouvé l’envie de faire plein de choses et je suis heureuse maintenant dans mon petit train quotidien ! »
– JULIE GRIMARD
Ta petite «mauvaise humeur» (dysthymie)
QUEL ÂGE AVAIS-TU QUAND TU AS EU TON DIAGNOSTIC ?
Je n’ai pas eu de diagnostic précis avant l’âge de dix- neuf ans. J’ai consulté, de douze à dix-huit ans, divers professionnels de la santé mentale, sans toutefois que nous arrivions à un constat précis. C’est en 2010 que dysthymie s’est révélé être le mot qui nomme mes périodes sombres.
QUEL ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR T’A FAIT CHERCHER DE L’AIDE ?
Je pense que j’ai toujours été une personne très mélancolique. J’ai toujours été timide, réservée. C’est à ma quatrième année du secondaire que les symptômes de la dysthymie de sont manifestés. J’avais un discours très noir, je dirais même suicidaire. J’étais très souvent contrariée, sans justification. J’ai commencé par consulter la travailleuse sociale de mon école, qui était la personne responsable du soutien psychologique. Mais c’est dans mes crises dépressives que j’ai dû aller véritablement chercher de l’aide. Ma mère m’a dit : «Si tu t’aides pas pour toi, fais-le pour moi, je suis plus capable.» J’étais au plus bas dans mon trouble. Je suis allée consulter divers psychiatres. On a fait des évaluations, et ils en sont venus
à la conclusion que je présentais les symptômes caractéristiques de la dysthymie (humeur dépressive sur de longues périodes, manque d’énergie, fatigue, faible estime de soi, sentiment de désespoir).
COMMENT AS-TU REÇU LA NOUVELLE QUE TU AVAIS UNE MALADIE MENTALE ?
Ça ne m’a pas jetée à terre. Je me doutais qu’on arriverait à un consensus pour dire que je souffrais d’une maladie mentale. Je m’en suis même sentie soulagée, car j’ai réalisé à ce moment qu’il existait des pistes de solution pour moi. Que je n’étais pas seule non plus. Qu’il y avait une explication scientifique et rationnelle derrière tout ce mal abstrait.
QUELLE A ÉTÉ LA RÉACTION DE TON ENTOURAGE ?
J’en ai toujours peu parlé, au fil des années. C’est avec ma mère que j’en parle le plus. Elle n’en a pas fait tout un plat. On s’est dit : «Bon, il y a ça, et on va prendre le taureau par les cornes.» Pour les autres, j’ai été plutôt nébuleuse. J’ai exprimé à quelques reprises que j’étais dépressive, sans toutefois entrer dans les détails.
COMMENT VIS-TU AVEC TA MALADIE ?
Je me fatigue rapidement. La dysthymie a ça de très problématique : c’est une mini-dépression qui dure très, très longtemps. Parfois, je manque de motivation ; juste sortir de chez moi, de ma (très restreinte) zone de confort me demande toute l’énergie dont je suis capable. Autrefois,
je vivais beaucoup d’insécurité, beaucoup de déprime, beaucoup de mélancolie. Je dirais qu’aujourd’hui, six ans après la tombée du diagnostic, mes épisodes dépressifs sont beaucoup plus teintés d’indifférence. De manque de motivation, oui, et de beaucoup de détachement.
QUEL A ÉTÉ TON TRAITEMENT ?
Les premiers temps, j’ai pris une médication sur une base régulière. Mais je dirais que ma tête était tellement en désordre que je ne prenais pas la médication au sérieux. Je sautais des doses, je les prenais puis ne les prenais plus pendant de longues périodes. J’ai finalement arrêté d’en prendre pendant quatre ans, où j’ai tenté tant bien que mal de gérer mes émotions et mes épisodes dépressifs par la pensée. Je ne le conseille pas nécessairement. Je voyais la prise de médicaments comme une faiblesse. Ensuite, j’ai eu un épisode assez sombre au début de 2016 et je n’ai pas hésité une seconde à aller voir mon médecin. Je pensais que j’étais tirée d’affaire après tout ce temps sans médication. On a élaboré un plan d’attaque. Je prends à nouveau de la médication pour contrer les effets négatifs de la dysthymie. Elle agit pour reconnecter les neurotransmetteurs de la sérotonine. Ça me donne un certain équilibre, si vous voulez. Je n’ai jamais suivi de thérapie, faute de patience vis-à-vis des longues listes d’attente. Et à cause de mon salaire d’étudiante. Mais, pour l’instant, ça va, je suis bien entourée.
RACONTE-MOI UNE JOURNÉE ORDINAIRE À CÔTOYER LA MALADIE.
Ce n’est jamais vraiment la même chose. Parfois j’ai de bonnes journées et je me couche avec le sentiment d’accomplissement. Puis je peux me réveiller le lendemain en fixant le plafond. En ayant zéro envie de me lever et d’affronter le monde extérieur. Comme je disais, je vis plutôt un «vide», un manque d’intérêt envers les autres et envers moi. Ce sont mes pires journées, car je n’arrive pas à accomplir la moindre tâche. Quand j’arrive à me lever, j’ai du mal à me concentrer dans mes cours, je n’ai pas envie d’aller travailler, de côtoyer des gens. J’ai envie de m’effacer. Je me dis tout le temps : «À quoi bon ?» Dans ces moments-là, j’essaie d’ignorer mon diagnostic.
QUELLE EST LA CHOSE LA PLUS POSITIVE QUE TA MALADIE T’A APPORTÉE ?
Probablement l’écoute. Je pense que je suis une personne qui arrive à cerner ce qui se dit entre les lignes. J’ai une capacité d’analyse qui s’est développée avec le temps. Pour bien comprendre ma maladie, il a fallu que je m’informe, que je comprenne comment elle fonctionne afin de mieux la cerner et de mieux l’empêcher d’avoir un pouvoir coercitif sur moi. Je pense que ça m’a permis de mieux comprendre les autres et de mieux savoir comment les écouter.
LA PLUS NÉGATIVE ?
Oh… Probablement l’impulsivité que ça m’a apportée. Pendant longtemps, j’ai laissé ma maladie faire des choix à ma place. Je ne réfléchissais pas, je laissais mes émotions dicter ma pensée. Probablement que j’ai perdu des amitiés précieuses, ou que mes propos ont été mal interprétés par certaines personnes. J’ai été explosive, j’ai claqué plusieurs portes parce que je me sentais incomprise. Ça m’a pas aidée.
EST-CE QUE TU EN PARLES OUVERTEMENT ?
Ironiquement, je devrais en parler aujourd’hui, mais non. Pas que j’aie honte, mais j’ai toujours peur de cette étiquette. J’ai encore l’impression qu’aujourd’hui, quand on parle de maladie mentale, on associe directement l’expression à un asile de fous. À la faiblesse. Je ne suis pas la dysthymie, je suis moi. J’ai des faiblesses, comme tout le monde. J’ai pas envie, dans une passe difficile, qu’on me dise : «Ah, mais ça doit être ta maladie mentale qui te fait ça !» Oui, ça se peut, sauf que c’est peut-être pas ça non plus. C’est un peu comme quand une femme est en colère et qu’on lui dit : «Coudonc, t’es-tu menstruée ?» Je pense qu’on a encore du chemin à faire pour vaincre les tabous entourant la maladie mentale. Moi, les neurotransmetteurs de mon cerveau ne fonctionnement pas selon «la norme». Pis c’est correct. Il y a aussi que je me sens coupable parfois, parce qu’il y a des gens qui ont des problèmes plus sévères que les miens.
COMMENT ÇA VA ?
Comme ci comme ça ! Je suis dans une période un peu nébuleuse de ma vie. Je termine mon baccalauréat à l’automne, je ne sais pas trop ce que je fais ensuite, je n’y ai pas vraiment pensé. Je suis rendue là, à essayer de sortir de ma coquille, de ma gêne extrême. Ça me fout la chienne. Alors, des journées, ça va. D’autres moins.
EST-CE QUE TU PENSES QUE TOUTES LES FILLES SONT FOLLES ?
La folie est un concept vague, dans lequel on essaie de faire rentrer toutes sortes de comportements qui ne sont pas considérés comme normaux, ou encore qui sont interprétés comme marginaux. Quelle est la folie, au juste ? Parler trop fort ? Pleurer tout le temps ? Être trop ambitieuse ? Être asociale ? Dépressive ? Anxieuse ? Excitée ? C’est tellement rendu banal de traiter une fille de folle ! Si je suis folle, tant mieux, je suis parfaite comme ça. Je pense qu’on a toutes une folie ordinaire qui nous façonne et qui nous rend uniques. C’est la beauté du cerveau : des connexions infinies qui nous régissent en tant qu’êtres humains, dans notre singularité complexe et mystérieuse.
– AUDREY EVE, 25 ans
Le témoignage provient du recueil Les filles sont-elles folles ? paru sous les éditions Cardinal et partagé avec l’aimable autorisation des sœurs Carolane et Josiane Stratis.
Partagez-nous votre témoignage !
Vous êtes atteint du TDP ? Vous connaissez une personne atteinte que vous côtoyez fréquemment ? Vous êtes un spécialiste de la santé ayant déjà diagnostiqué un TDP ?
Nous vous invitons à partager votre histoire, qui pourrait en inspirer plus d’un et contribuer à faire connaître ce trouble peu connu auprès de la population québécoise.
Partagez-nous votre témoignage par courriel.
Vous n’êtes pas seuls
Être aux prises avec le TDP ou encore y être confronté peut être très difficile à supporter. Vous êtes atteint du TDP et souhaitez discuter avec des gens qui comprennent votre réalité ? Vous connaissez une personne qui pourrait être atteinte du TDP et vous ne savez pas comment aborder le sujet avec elle ? Sachez que vous n’êtes pas seuls !
Nous vous invitons à consulter nos médias sociaux (Facebook, Twitter) afin d’échanger avec des gens touchés de près ou de loin par le trouble dépressif persistant.
Utilisez le mot-clic #cestquoileTDP afin de participer à la campagne et ainsi faire connaître ce trouble méconnu qui touche pourtant une grande partie de la population!